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Homélie du 7ème Dimanche du Temps ordinaire

Photo du rédacteur: Paroisse Saint LouisParoisse Saint Louis

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7ème Dimanche du Temps ordinaire

 

« Alors votre récompense sera grande, et vous serez les Fils du Très Haut, car Lui, Il est bon pour les ingrats et pour les méchants. »

 

Frères et Sœurs,

 

            Dans la suite des Béatitudes que nous méditions dimanche dernier, Jésus développe et actualise la Loi de l’Ancien Testament en l’explicitant pour ses contemporains. En écoutant ses paroles, nous nous retrouvons devant le cœur de ce que l’on appelle la morale chrétienne, avec ce qu’elle a de plus noble, de plus exigeant et de plus beau, mais aussi ce qui peut porter à la dérision voire à la caricature par les raccourcis qui peuvent être faits ou bien par la manière extrêmement moralisante de vivre ses principes. Si nous n’en restons qu'à un catalogue de règles qu'il s'agit d'appliquer dans sa vie, nous nous situons au niveau des Pharisiens. La première des choses à mettre en place pour vivre de manière chrétienne sa vie, ses relations, ses responsabilités, ses engagements, c’est de nous mettre en vérité dans notre relation à Dieu. Tout part de là. Nous ne pouvons donner que ce que nous avons reçu. Nous ne pouvons nous comporter de manière chrétienne avec les autres que parce que nous sommes sous le regard de Dieu et nous essayons le mieux possible de vivre notre relation à Lui. Se mettre en vérité sous le regard de Dieu implique de reconnaître et d’assumer ses pauvretés, son péché, ses manques, ce qui a été raté, ce que nous essayons de bien faire. Alors là, nous pourrons essayer de vivre les enseignements que nous donne Jésus. Je vous donne un exemple : ce n’est pas un hasard si Jésus a confié l’Église et le gouvernement de l’Église à Pierre, cet homme qui l’aura renié par trois fois. Pierre doit faire l’expérience de son péché, de sa faiblesse, de son orgueil, pour accepter d’être relevé par Jésus, pour pouvoir faire l’expérience de son pardon et de sa miséricorde et pour pouvoir, après, gouverner l’Église. Il en va ainsi pour chacun de nous.

            Saint-Paul évoque dans la deuxième lecture la double nature de l’homme : l’homme est à la fois tiré de la terre avec la figure d’Adam, et destiné au Ciel avec la figure du Christ. Nous ne pouvons pas vivre pleinement notre humanité si nous n’assumons pas notre nature, notre vocation spirituelle, si nous ne nous plaçons pas sous le regard de Dieu. Celui qui se met en vérité sous le regard de Dieu peut alors commencer à vivre les principes évangéliques.

 

Dans le commentaire que fait Jésus, je retiens trois conseils évangéliques qui me semblent importants et féconds.

Tout d’abord : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. » Cette parole de Jésus ajuste notre agir par rapport à celui que nous désirons de la part des autres. Nous retrouvons une mise en application très concrète du principe chrétien : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » ou de cette prière du Notre-Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé. »

Puis il y a un conseil qui concerne la justesse de notre agir et la justice de Dieu par rapport à nous : « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » Ici se donne à voir la justice de Dieu qui ne dépend pas seulement des actes que nous posons, mais aussi de nos intentions et de la manière dont nous nous sommes comportés par rapport aux autres. Si notre cœur a fait preuve de miséricorde, de pardon, d’amour, Dieu se comportera comme cela par rapport à nous. Si notre cœur a été sec, fermé, le Seigneur se comportera comme cela par rapport à nous.

Enfin dernier conseil évangélique que je retiens, le plus exigeant et le plus caractéristique de ce qui doit définir un chrétien : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Cette exhortation s’enracine dans le fait que Dieu aime indifféremment les bons comme les mauvais, comme nous le rappelle Jésus. Et c’est ainsi, disciples de Dieu et fils de Dieu par adoption, que nous devons nous comporter. C’est la raison pour laquelle la première des choses est de fonder notre existence et notre agir dans notre relation à Dieu et par rapport à Dieu. C’est Lui qui nous apprend à aimer généreusement, gratuitement, sans calcul.

Deux remarques me semblent importantes pour bien comprendre cette parole de Jésus. D’une part, ‘aimer ses ennemis’ ne signifie pas avoir de l’affection pour eux, mais comme le dira Saint-Thomas d’Aquin ‘vouloir leur bien’. Vouloir le bien d’une personne qui ne nous aime pas ou qui nous persécute implique de ne pas chercher à se venger, à répondre au mal par le mal, mais à souhaiter son bien et son salut. Trop souvent ‘aimer ses ennemis’ est réduit au fait d’avoir de l’affection pour eux, mais ça n’est pas le sujet. D’autre part, les exemples pris par Jésus nous montrent qu’il s’agit d’être capable de représenter une demande lorsqu’il y a eu un refus. C’est le sens de cette parole : « À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. » Il ne s’agit pas parce qu’on s’est fait frapper de se refaire frapper une deuxième fois, mais de présenter autrement ce qui a été refusé, afin de permettre à la personne de ne pas s’enfermer dans le refus qui a été fait, mais de toujours donner une autre chance. C’est ainsi que Dieu se comporte avec nous : Il n’enferme jamais personne dans ses actes et son histoire, mais ne cesse de rouvrir des chemins de vie pour chacun de nous.

 

Dans la suite de l’amour des ennemis auquel Jésus nous invite, la caractéristique la plus haute de l’exigence chrétienne est certainement dans l’exercice de la miséricorde à laquelle nous invite Jésus : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Ici, Frères et Sœurs, gardons-nous des clichés ou des images toutes faites et reprenons les choses tout simplement. La miséricorde signifie étymologiquement miseri-cor-dare donner son cœur au pauvre. Il s’agit en premier lieu de se reconnaître pauvre évangéliquement. Ce n’est pas être dans la misère ni être dans l’indigence, mais c’est être profondément humble et reconnaître que nous recevons tout de Dieu, que nous sommes en tout dépendants de Lui. Il y a souvent un bon nombre de malentendus par rapport à la miséricorde. Il arrive que l’on mette derrière le terme ‘miséricorde’ le fait d’oublier ce qu’une personne a fait. Non, la miséricorde n’est pas l’oubli. Il arrive que l’on mette derrière le terme ‘miséricorde’ le fait d’effacer une réparation due à une offense. Non la miséricorde ne remplace pas la justice, et n’efface pas la justice, au contraire elle la présuppose et, chrétiennement, elle l’accomplit. La miséricorde n’empêche pas la réparation du mal qui a été fait, elle la présuppose. Et la miséricorde est simplement le fait que l’amour qui pardonne a le dernier mot et accepte de rouvrir un cœur, une relation.

Je reviens à ce que j’ai évoqué au début de l’homélie : c’est ainsi que Dieu nous aime. Il peut nous arriver, lorsque nous avons offensé Dieu, de le regretter profondément, de le réparer, et tout cela n’empêchera pas Dieu de nous aimer au-delà de nos actes, de nos offenses, de nos blessures ou de ce qui a été bien ou mal réparé. La miséricorde n’empêche pas la justice, elle la parfait et l’accomplit.

 

Frères et sœurs toutes ces réflexions sont certainement bien trop moralisantes. En tout cas nous faisons tous l’expérience de nos limites et de nos pauvretés, notamment dans l’amour de ceux qui ne nous aiment pas ou qui nous font du mal. Ne perdons pas de vue, qu’à défaut de pouvoir réussir à tout pardonner, nous pouvons confier toutes ces personnes au Seigneur dans l’Adoration du Saint-Sacrement, car Jésus a le pouvoir de toucher et transformer nos cœurs et leurs cœurs, ce que nous-mêmes ne pouvons pas pour nous-mêmes ni pour les autres. Amen !

 
 

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