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Homélie de la Solennité du Christ-Roi de l’univers


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Solennité du Christ-Roi de l’univers


« Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous. »


Chers Frères et Sœurs,


Avec cette solennité du Christ Roi de l’Univers, nous achevons cette année liturgique pour commencer dimanche prochain le temps de l’Avent. Si la question du Royaume de Dieu, de la royauté de Dieu, parcourt la Bible du début à la fin, si la royauté du Christ est fêtée par les chrétiens et par le peuple de Dieu comme une réalité établie et bien connue, la fête liturgique du Christ Roi est très récente dans l’histoire de l’Église. On fête d’ailleurs autant une réalité déjà présente qu’une réalité qui doit venir et s’accomplir à la fin des temps. Cette fête a été instituée par le Pape Pie XI en 1925 pour répondre à de nombreuses demandes des pasteurs et des fidèles pour apporter un « remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine…le laïcisme. » Effectivement, le laïcisme, entendu comme une idéologie, consiste à rejeter le Christ et l’Église et à promouvoir un style de vie, comme si Dieu n’existait pas. Frères et sœurs, quelques décennies après, nous ne pouvons que constater que toutes ces intuitions se sont révélées, malheureusement, vraies.


Dans notre imaginaire ou nos conceptions de la royauté, le Roi a des pouvoirs qui lui sont propres. Je voudrais en regarder quelques-uns avec vous, à partir des textes que la liturgie nous donne en ce dimanche. Nous avons principalement deux images qui nous sont données. Le prophète Ézékiel nous montre le Roi comme un bon pasteur qui prend soin de son troupeau. L’Évangile nous montre le Roi comme celui qui juge. À partir de ces deux images, que peut-on dire ?

Tout d’abord que le Christ Roi a un pouvoir de gouvernement. Il pait son troupeau, s’occupe de lui trouver à manger, de soigner les brebis plus faibles et il va chercher celles qui se perdent. Cette image nous redit le sens profond du gouvernement dans l’Église qui consiste à servir le troupeau et non à se servir du troupeau pour étendre son pouvoir. Dans la suite, on développera différents pouvoirs liés à celui du gouvernement : le pouvoir de guérir (ou de sanctifier) et le pouvoir d’enseigner. Je vous ferais remarquer que ces trois pouvoirs-là, que l’on appelle en latin des munera, c’est-à-dire des charges, définissent les 3 missions de l’évêque qui est de gouverner son diocèse (on parlera de munus regendi), de sanctifier (on parlera de munus sanctificandi), et d’enseigner (on parlera de munus docendi). L’Évangile nous montre effectivement souvent Jésus en train d’enseigner, de guérir et de marcher avec ses disciples.

Le Roi a aussi un pouvoir judiciaire : celui qui consiste à rendre justice. Il a un pouvoir législatif, celui qui consiste à édicter des Lois. Là, nous savons que Dieu est l’auteur de la Loi du Décalogue, de toutes les lois de la création (physiques, naturelles, morales) ; et Jésus est l’auteur de la Loi nouvelle, donnée dans le Sermon sur la Montagne, dont on retiendra, pour simplifier les choses, le plus grand des commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, des tout ton esprit et de toutes tes forces. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le Roi a aussi un pouvoir exécutif, celui qui consiste à vérifier que les Lois sont bien appliquées. Le Christ exerce son pouvoir dans l’ordre surnaturel, par la grâce, les sacrements, les jugements de son Église ; et dans l’ordre temporel en intervenant dans les évènements (c’est ce que l’on appelle la Providence). Il exerce aussi son pouvoir par des intermédiaires que sont les créatures.

Il a enfin le pouvoir de juger, comme le montre l’Évangile : Il récompense les bons et châtie les méchants. Dieu seul est juge et parfaitement juste, car Il connait toutes choses et connaît les cœurs.

Tels sont, à partir des textes entendus aujourd’hui, les pouvoirs du Christ Roi.


Regardons maintenant en quoi consiste la Royauté du Christ. Quand on aborde la question de la Royauté du Christ, il faut bien reconnaître que c’est une question très ambigüe qui a marqué Jésus tout au long de sa vie humaine. De sa naissance, où les Mages viennent adorer « le Roi des Juifs qui vient de naître » jusqu’à sa mort où il est écrit sur le patibulum « Jésus Roi des Juifs ». Entre sa naissance et sa mort, combien de fois a-t-on voulu se saisir de Lui pour le faire Roi d’Israël, à l’image du Roi David… Sans compter que le Messie, selon les Écritures, doit être issu de la tribu de Juda qui est la tribu royale d’Israël. Et pourtant, Jésus décline cette royauté pour laquelle on veut Le saisir. Il apparaît Roi lorsqu’Il est sur la Croix, vérité proclamée de manière universelle car écrite dans toutes les langues officielles de l’époque l’hébreu, le grec et le latin. Sur la croix, Il apparait Roi avec une couronne d’épines, un manteau de pourpre, son sang, et un sceptre, la Croix. Sa royauté n’a rien de politique, mais elle est une royauté d’Amour, de Celui qui a été au bout du don de lui-même pour sauver les hommes et le monde. Je voudrais attirer votre attention sur un point, qui est en relation avec le récit de l’Évangile du jour. Sur la Croix, Jésus unit en quelque sorte l’Amour de Dieu et l’Amour des hommes ce qui est signifié par les deux morceaux de bois formant la croix : un morceau orienté vers le Ciel (relation vers Dieu) et le patibulum (relation avec les hommes). Il accomplit parfaitement les deux dimensions de l’Amour révélées dans la Loi nouvelle qu’Il donne dans son Évangile. Or, précisément, que voit-on dans l’Évangile ? Que ceux qui entreront au Paradis sont ceux qui ont reconnu la présence de Dieu dans les frères : « Amen je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous n’avez fait. » Frères et sœurs, comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire à de nombreuses reprises, il ne faut pas distinguer et opposer l’Amour de Dieu d’un côté et l’Amour des Frères de l’autre. Pour un chrétien, il faut tenir les deux ; et c’est aussi là, dans cette union ou unité, que se jouera notre salut.

La Royauté du Christ est de nature spirituelle et temporelle. Spirituelle, parce que son Royaume sera pleinement accompli au Ciel, lorsque la mort et le péché auront été anéantis et que Dieu sera tout en tous, pour reprendre une expression de St Paul. Et sa royauté est aussi de nature temporelle parce qu’elle se déploie dans le temps, même si elle laisse une autonomie, propre à la liberté de l’homme que Dieu lui a donnée, pour les questions de gouvernement politique. La Royauté du Christ n’est pas de nature politique. Mais, le pouvoir politique temporel est une participation au pouvoir du Christ qui s’étend sur le monde visible et invisible, comme répond Jésus à Pilate lors de son procès : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si tu ne l’avais reçu d’en haut. » Frères et sœurs, nos hommes politiques, au-delà des comptes qu’ils auront à rendre au sujet de leur gouvernement, auront aussi des comptes à rendre à Dieu sur la question de l’utilisation du pouvoir qui leur a été confié par Lui : qu’as-tu fait du pouvoir que je t’ai confié ?


Il reste un point à aborder, c’est celui de la mission des baptisés. Lors de son baptême, chaque baptisé reçoit une triple mission : celle de prêtre, de prophète et de Roi. Cette triple mission est signifiée par l’onction avec le Saint-Chrême qui elle-même reprend trois onctions de l’Ancien Testament : il y a l’onction sacerdotale, celle qu’a reçue Aaron (Lv 8, 11) ; il y a l’onction prophétique, celle qu’a reçue Élisée (1 R 19,16) et il y a l’onction royale, celle reçue par Saül 1 R 10, 1 ou par David (1 R 16, 13). Les baptisés reçoivent comme mission royale de participer à l’élaboration du Royaume du Christ, qui est une royauté d’amour. Concrètement, comment mettons-nous la charité en œuvre dans notre vie ? Comment aimons-nous ? Comment aimons-nous ceux que nous avons du mal à aimer ? Comment mettons-nous la charité en oeuvre dans nos engagements ? L’Église, dans son enseignement, nous invite à pratiquer les œuvres de miséricorde qui sont les actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles ou spirituelles. Ces œuvres peuvent être de nature corporelle : nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les personnes nues, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts. Elles peuvent être de nature spirituelle : instruire, conseiller, consoler, pardonner et supporter avec patience. Les baptisés ont aussi pour mission de préparer ce monde avec ses réalités à l’éternité et à la vie avec Dieu. Il leur est donc demander de s’engager dans la société et la vie politique pour permettre la rencontre avec Dieu et le salut du plus grand nombre.


Frères et sœurs, en ce dimanche où nous fêtons le Christ Roi de l’Univers, vivons avec plus d’ardeur et de générosité notre mission royale de baptisés. Toute transformation commence d’abord en nous. Que le Christ Roi soit le Maître de nos coeurs et de nos existences. Amen !


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