Homélie de la Solennité de Pâques : Messe de la Vigile

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Solennité de Pâques

Messe de la Vigile

 Baptêmes de Mathias, Axelle, Swelle, Bastien, Manon, Marcel, Marie, Joëlle

 « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »

Chers Frères et Sœurs,

Et particulièrement, chers jeunes amis : Mathias, Axelle, Swelle, Bastien, Manon, Marcel, Marie, Joëlle,

Nous nous retrouvons au cœur de cette sainte nuit pour fêter la Résurrection de Jésus, c’est-à-dire pour commémorer cet évènement inouï qui s’est produit une fois dans l’histoire du temps, et pour l’accueillir dans notre vie aujourd’hui, en même temps que nous nous retrouvons pour faire entrer dans la vie divine et dans l’Église nos amis catéchumènes qui se sont préparés à cette nouvelle naissance et à cette nouvelle vie depuis au moins deux ans.

            Ce n’est pas un hasard si la liturgie baptismale trouve sa place dans cette nuit où nous fêtons la Résurrection de Jésus. L’Évangile que nous venons d’entendre nous montre le désarroi des femmes et des disciples confrontés au phénomène de la Résurrection de Jésus. Cela nous rappelle qu’à plusieurs reprises, lorsque Jésus a annoncé sa Passion et sa Résurrection, les disciples et les apôtres discutaient entre eux pour savoir ce que signifiait « ressusciter d’entre les morts ». Frères et Sœurs, je voudrais vous poser cette question pour nous aider à toucher du doigt ce qu’est réellement la résurrection : aujourd’hui la médecine arrive à faire des progrès importants qu’elle ne savait pas faire il y a plusieurs siècles. Il arrive qu’une personne décédée à l’hôpital soit presque immédiatement réanimée et retrouve la vie. Si la Résurrection n’est qu’un retour à la vie ou une réanimation, et qui peut concerner telle ou telle personne, en quoi le retour à la vie d’une personne il y a presque 2000 ans, nous concerne-t-il aujourd’hui nous-mêmes ? Pourquoi se retrouverait-on cette nuit pour fêter la Résurrection, comprise comme cela, d’un homme il y a deux mille ans ?

            L’exemple que je prends vous montre bien que la Résurrection de Jésus a un lien avec nous. Elle dit quelque chose de ce que nous sommes appelés à vivre et de ce qui nous adviendra. Certes Jésus est Fils de Dieu, et la nature divine qui est une puissance d’amour et de vie, ne peut pas être altérée par la mort. Alors il faut tenir ceci : à la fois que Jésus est réellement mort et à la fois que, par sa nature divine, la vie ne pouvait pas lui être enlevée. Par amour, Jésus pouvait se laisser tuer, mais c’est précisément ainsi qu’il a rompu le caractère définitif de la mort parce qu’en Lui était présent le caractère définitif de la vie.

            Nous arrivons logiquement à la question suivante : comment la Résurrection de Jésus nous rejoint-elle aujourd’hui ? Certes, la Résurrection de Jésus affecte sa nature humaine qui se trouve transformée dans la Résurrection. Même si nous partageons, Jésus et nous, la même nature humaine, comment sa résurrection vient toucher notre nature humaine aujourd’hui ? Par le baptême !

            Le baptême nous donne la vie du Ressuscité, autrement dit, le baptême nous donne la puissance de la Résurrection. C’est la raison pour laquelle nous disons que le baptême donne la vie éternelle; en nous donnant la vie du Ressuscité, le baptême nous donne la vie divine sur laquelle la mort n’a pas de prise ni de pouvoir. Le baptême réalise en réalité une communion et une interpénétration de la nature divine et de la nature humaine. Lorsque nous avons été baptisés ou lorsque nous serons baptisés, nous le serons au nom de la Trinité : au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Il est alors juste de dire que, par le sacrement du baptême, la Sainte Trinité vient habiter réellement dans notre âme. Mais Dieu étant tellement supérieur à nous, alors qu’il vient réellement habiter en nous par le sacrement du baptême, c’est en fait nous qui sommes immergés dans la vie trinitaire. On peut dire que par le sacrement du baptême, notre moi profond est transformé pour être habité par le moi de Dieu. Et l’on peut comprendre la phrase de Saint-Paul dans l’épître aux Galates : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. » On peut non seulement comprendre cette parole mais en fait par le sacrement du baptême, cette parole devient réelle. Et la vie baptismale ne consiste alors qu’à permettre au Christ qui vit en nous de développer sa propre vie en nous. Cette communion profonde de notre nature humaine avec la nature divine donnée par le sacrement du baptême se construira et s’accomplira grâce au sacrement de la Communion qui, selon le même principe, fait à la fois habiter Jésus au plus profond de nous, et nous immerge dans le Corps du Christ qui est Jésus et son Église.

            En nous unissant à la nature divine, en nous immergeant au cœur de la Sainte Trinité, le baptême réalise en nous une nouvelle famille composée de ceux qui sont intimement liés à Dieu, famille que l’on appelle l’Église. En inaugurant un nouveau mode de relations entre Dieu et nous, le baptême inaugure également un nouveau mode de relation entre tous ceux qui reçoivent ce sacrement et qui deviennent liés les uns aux autres dans un lien de fraternité chrétienne. Tels sont les principaux dons du baptême que nous avons reçus, Frères et Sœurs lorsque nous avons été baptisés ; tels sont les principaux dons du baptême que vous, chers catéchumènes, allez recevoir maintenant dans quelques instants.

La vie baptismale que vous allez recevoir ne demandera qu’à se développer et qu’à grandir et les sacrements que vous recevez en même temps que le baptême sont là pour vous y aider. Par la confirmation, Dieu viendra affermir en vous les dons de l’Esprit Saint qui vous aideront à faire grandir cette vie filiale donnée par Jésus pour vous conduire au Père. Par la Sainte Communion, votre incorporation au corps du Christ, réalisée par le baptême, sera nourrie et consolidée de dimanche en dimanche ou de jour en jour.

            Si la vie chrétienne commence pour vous avec ce sacrement, votre relation avec Dieu ne commence pas d’aujourd’hui. Elle a commencé depuis longtemps, où par des raisons diverses et variées, Dieu vous a amenés à ouvrir votre cœur à Lui et à répondre à son appel pour devenir ses fils et ses filles. Votre propre cheminement vous a amenés à rendre compte de votre désir de devenir chrétien, et a amené un certain nombre de personnes autour de vous à s’interroger sur votre choix. Sans peut-être vous en rendre compte, vous avez déjà été missionnaires autour de vous. Mais, chers amis catéchumènes, je vous ferais remarquer que la foi en la Résurrection est indissociable de l’annonce de la Résurrection. Dans les Évangiles que nous méditons à Pâques, nous voyons que tous ceux qui rencontrent Jésus Ressuscité vont immédiatement L’annoncer aux autres. La Résurrection conduit à l’annonce. La Résurrection contient en elle-même ce dynamisme missionnaire qui a fait grandir l’Église et qui fait que 2000 ans après la foi a rejoint vos cœurs. N’oubliez jamais que s’il vous a appartenu à vous de répondre personnellement à Dieu, votre foi en Jésus Ressuscité concerne les autres, vos proches, notre monde. La foi n’est pas qu’une réalité personnelle, elle est une réalité communautaire, appelée à être partagée et annoncée au plus grand nombre. Chers amis, demeurez  profondément missionnaires ! Même si vous n’êtes pas des chrétiens qui avez des dizaines d’années de vie chrétienne derrière vous, continuez à orienter et à guider tous ceux que vous rencontrerez vers Jésus. Amenez-les à Jésus, dans vos familles, vos cousins-cousines, frères et sœurs, vos proches. Amenez à Jésus tous ceux que Dieu vous fera rencontrer ou qu’Il mettra sur votre chemin.

            Et nous qui avons déjà été baptisés, qui ce soir après le baptême et la confirmation de nos jeunes amis renouvellerons notre propre baptême, demandons la grâce au Seigneur Ressuscité, qu’Il vienne revigorer et réaffirmer notre foi pour être les témoins et les disciples dont Jésus a besoin pour son Église et notre monde aujourd’hui. Amen !