Homélie de la Solennité de Pâques
- Paroisse Saint Louis
- il y a 6 jours
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Solennité de Pâques
« Il vit, et il crut. »
Chers Frères et Sœurs,
C’est une grande joie pour nous aujourd’hui de nous retrouver pour fêter la Résurrection de Jésus, pour faire mémoire de cette victoire de l’Amour sur le mal et sur la mort, et de réaccueillir ce don que Dieu nous fait à travers le sacrement du baptême, puisque le baptême nous donne part à la Résurrection de Jésus. L’Évangile du matin de la Résurrection nous remet devant les premières constatations et les premières questions relatives à la Résurrection. Et l’Évangile nous fait nous demander : finalement, qu’est-ce que la Résurrection ?
Il nous semble difficile de la définir, mais je vous propose trois éléments pour mieux l’appréhender.
Premièrement, la Résurrection n’est accessible que par la foi. Nous voyons bien que l’usage de la raison ne suffit pas pour arriver à croire que Jésus est ressuscité. La raison permet de constater la disparition du corps de Jésus, mais elle ne donnera pas de réponse sur ce qu’est devenu le corps. Par contre, elle laisse la place à la foi et à la possibilité de la Résurrection, comme elle laisse la place à la première réaction de Marie Madeleine qui est qu’on a volé le corps de Jésus. La raison n’est pas suffisante pour arriver à l’affirmation de la Résurrection de Jésus. C’est Saint-Jean qui dans une formule concise : « Il vit et il crut », nous montre que la Résurrection est de l’ordre de la foi.
Mais comment définir la Résurrection ? Est-elle un évènement historique qui ne concerne que Jésus, parce qu’il est Fils de Dieu ? Est-ce la réponse de Dieu au mal et à la mort qui existent dans le monde ? Peut-on dire que la Résurrection est la victoire de Dieu ? En fait, on peut la définir avec tous ces éléments-là. La Résurrection est la manifestation de l’amour, tellement parfait et tellement total de Dieu, que cet amour a triomphé du mal et de la mort. La puissance d’Amour et de Vie en Dieu n’ont pu rester bloquées dans un tombeau.
De ce fait, la Résurrection constitue un moment décisif dans l’histoire. La Résurrection va donner une consistance nouvelle aux trois vertus théologales la foi, l’espérance et la charité qui préexistaient à la Résurrection.
La foi était bien existante avant la Résurrection puisque nous voyons dans l’Évangile, Jésus, à plusieurs reprises, saluer la foi des gens qui se sont tournés vers Lui. L’espérance existait avant la Résurrection. Nous la voyons se manifester chez les malades qui vont Jésus vers Jésus avec l’espoir d’être guéris. Mais nous la voyons aussi se manifester dans l’Ancien Testament où les martyrs, notamment de la famille Macchabée, acceptent la mort dans l’espérance de la Résurrection qui suivra après la mort. Et l'amour existait avant la Résurrection puisque cette réalité a conduit l’histoire de l’humanité depuis la création et, pour n’en venir qu’au temps de Jésus, Jésus a accompli son premier miracle lors des Noces de Cana. Donc les trois vertus théologales existaient avant la Résurrection de Jésus. Mais la Résurrection va changer le contenu de chacune de ses vertus.
Tout d’abord, si la Résurrection est une manifestation de l’Amour tout-puissant de Dieu, il faut reconnaître qu’il y a quelque chose de sublime et de jamais atteint dans l’exercice de l’amour qui se manifeste à travers la Résurrection de Jésus. C’est comme si, avec l’offrande et le sacrifice de Jésus sur la croix qui précède la Résurrection, nous atteignons le sommet le plus haut possible de la manifestation de l’Amour ici-bas sur terre.
Cet acte d’amour contenu dans la Résurrection donne un contenu nouveau à la foi qui n'est plus simplement la certitude que Dieu est présent et qu’Il agit, mais qui devient la certitude que Dieu est vainqueur, même si au premier abord, on ne Le voit ni présent ni agissant. L’évènement même de la Résurrection est invisible à nos yeux. On ne voit pas Jésus en train de ressusciter. On Le voit après lorsqu’Il est ressuscité. Ici nous pouvons regarder de manière plus particulière la figure de Saint-Jean, le disciple bien-aimé. Ce n’est pas un hasard si Saint-Jean accède immédiatement à la foi en la Résurrection ; c’est parce qu’il est celui qui avait l’amour le plus pur pour Jésus. Et l’amour qu’il avait à un degré certainement plus élevé que les autres, lui permet d’accéder immédiatement à la foi en la Résurrection.
Enfin l’espérance acquiert une nouvelle dimension et une nouvelle force parce qu’elle s’enracine dans le fait que Dieu a déjà agi et répondu de manière définitive dans la Résurrection et que, par conséquent, nous savons qu’Il a déjà répondu. Nous vivons alors dans l’attente d’un accomplissement de la victoire de Dieu, dont nous savons qu’elle s’accomplira. La Résurrection de Jésus donne une nouvelle dimension aux trois vertus théologales.
Les textes de ce jour nous montrent par ailleurs que la Résurrection fait advenir une réalité nouvelle. La Résurrection marque une vie nouvelle sur laquelle la mort n’a plus de pouvoir. Cette nouveauté est soulignée par l’évangéliste Saint-Jean au début de son Évangile lorsqu’il nous dit : « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. » Le jour de la Résurrection, le lendemain du Sabbat, devient déjà le premier jour de la semaine. La Résurrection marque le début d’une nouvelle temporalité, celle sur laquelle le temps et la mort n’ont plus de pouvoir, celle de l’éternité. Mais Saint Jean prend bien le soin de nous montrer que c’est encore les ténèbres, le grand matin. Nous sommes au début d’une lumière qui va se lever et qui va commencer à éclairer d’une manière nouvelle non seulement la journée mais notre monde et ses réalités.
Cette nouveauté inaugurée par la Résurrection sera aussi visible à travers le cheminement que vont être amenés à faire les disciples et les Apôtres de Jésus. Avec l’avènement de la Résurrection, ils vont relire de manière complètement nouvelle les paroles et les actes de Jésus, qui pour beaucoup d’entre eux, demeuraient mystérieux au moment où Jésus les avait prononcés ou accomplis. Dès lors, à la lumière de la Résurrection tout devient nouveau. St Jean nous le dit de manière très claire : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avait pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »
La nouveauté de la Résurrection se manifestera également par le fait que Jésus Ressuscité apparaîtra et disparaîtra comme Il le veut, sans être limité ni par l’espace ni par le temps. Ce n’est pas que Jésus est un fantôme ou qu’il a de supers pouvoirs, c’est simplement que l’amour qui est le cœur même de la Résurrection ne connaît pas les limites de l’espace ni du temps. Alors Jésus Ressuscité pourra être au milieu de ses disciples réunis en son nom, dès l’instant que l’amour est présent dans le cœur des disciples ; alors Jésus sera présent dans les Saintes Espèces à travers le rite qu’il a institué et confiée à son Église, rite institué et confiée par Amour et au service de l’Amour. Ce dernier élément est très important parce qu’il nous dit qu’à chaque fois que nous choisissons d’aimer l’autre, nous participons en quelque sorte à la réalité de la Résurrection déjà par anticipation, mais que nous nous préparons à la vivre en aimant.
Frères et Sœurs, je voudrais, sans être trop long, vous laisser un dernier aspect à méditer dans cette fête de Pâques. La Résurrection de Jésus est la source du dynamisme missionnaire de l’Église. Si nous regardons bien l’Évangile du jour, nous voyons que la Résurrection est indissociable de l’annonce qui va avec. Marie Madeleine constate la disparition du corps de Jésus et va immédiatement l’annoncer aux Apôtres. La séquence du jour à travers la strophe : « Sepulcurum Christi viventis et gloriam vidi Resurgentis, J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du ressuscité. » nous rapporte l’apparition de Jésus à Marie Madeleine lorsque cette dernière pleure auprès du tombeau. Et Jésus, une fois reconnu par Marie Madeleine, l’envoie annoncer sa Résurrection aux apôtres. L’annonce de la Résurrection est liée elle-même au phénomène de la Résurrection. On ne peut pas croire à la Résurrection de Jésus sans soi-même l’annoncer. Ou alors c’est que nous ne croyons pas à la Résurrection ou que nous n’en vivons pas. La Résurrection a en elle-même cette force dynamique de l’annonce et de l’évangélisation. Dès lors, depuis la Résurrection de Jésus, l’annonce de la bonne nouvelle, l’évangélisation, peut exister car elle tire sa source et sa force de la Résurrection elle-même.
Puisse la Résurrection de Jésus affermir et renforcer notre propre foi ainsi que le dynamisme missionnaire de l’Église aujourd’hui. Belle et sainte fête de Pâques à vous et à vos familles. Amen !
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