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Solennité de la Noël
Messe de la Vigile
« Jacob engendre à Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ ou Messie. »
Chers Frères et Sœurs,
Nous ouvrons avec cette messe de la Vigile de Noël, la première des messes de la solennité de Noël pour commémorer la naissance parmi nous du Fils de Dieu. Le nombre de messes différentes célébrées selon les horaires différents nous disent quelque chose de l’importance de ce que nous commémorons ce soir. La messe de la Vigile nous donne à entrer dans le mystère de cette nuit où l’Enfant-Dieu va naître parmi nous ; la messe de la Nuit commémore la Naissance de Jésus ; la messe de l’Aurore ou des bergers commémore le pèlerinage des bergers qui se rendront à la crèche et qui vérifieront que ce que les Anges leur avaient dit la nuit était vrai ; la messe du jour nous ouvre à la naissance du Fils de Dieu, non plus sur terre mais dans nos âmes et dans nos cœurs. Ce soir donc nous entrons dans cette préparation de la fête de Noël et tous les textes de cette messe nous redisent l’accomplissement de l’œuvre de Dieu qui se joue : enfin, les Promesses faites par Dieu s’accomplissent. Nous sommes donc dans une sorte de plénitude des temps, et s’ouvre alors un début et un nouveau chemin.
La lecture des généalogies dans lesquelles Jésus va s’inscrire met l’accent sur la nature humaine que le Fils de Dieu vient prendre en s’incarnant et en naissant parmi nous. Ce soir, je voudrais attirer votre attention sur la délicatesse de Dieu. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir ou de considérer Dieu comme une menace ou comme une réalité qui viendrait contraindre notre liberté. Fondamentalement, il n’en est rien. Si nous regardons bien, Dieu est infiniment délicat. Et Il l’est dans chacune de nos vies. Il ne s’impose pas, Il se propose doucement, respectueusement. Regardez la délicate rupture que l’on peut voir dans les généalogies qui précèdent la mention de la personne de Jésus. On quitte ‘un tel qui engendre un tel’, pour arriver à « Joseph, l’époux de Marie de laquelle fut engendré Jésus. » Le changement de tournure nous montre très délicatement que Dieu s’est inscrit dans la génération des hommes pour engendrer son Fils et Lui donner, par Marie, la nature humaine. Nous retrouvons la délicatesse de Dieu à l’œuvre dans le songe de Joseph qui avait pris la décision de répudier Marie, se rendant compte qu’elle était enceinte. Dieu ne donne pas comme cela l’ordre à Joseph de garder la femme et l’enfant, mais au travers d’un songe, Il le rassure en lui donnant la clé de la conception extraordinaire de l’Enfant que porte Marie. Enfin cette délicatesse de Dieu se donne à voir dans la naissance de l’enfant. L’Ancien Testament n’a jamais rechigné à montrer Dieu dans sa puissance, à travers des manifestations qui révèlent la grandeur de Dieu et qui peuvent faire peur. Là aussi, il y a une donnée nouvelle : le Fils de Dieu naît sous les traits d’un bébé, un enfant, qui ne peut rien par lui-même et qui a besoin des autres et des hommes pour devenir lui-même. Dès son arrivée dans notre monde, Dieu se fait dépendant, Il sollicite l’accueil de l’homme.
Pour celui qui accueille l’Enfant-Dieu s’ouvre alors un chemin qui le fera passer des ténèbres dans lesquelles Dieu vient nous rejoindre à la pleine lumière qui resplendira dans la Résurrection. Par bien des aspects, notre monde aujourd’hui est rempli de ténèbres : les ténèbres de la guerre, les ténèbres du refus de Dieu, les ténèbres des perturbations climatiques auxquelles nous sommes devenus aujourd’hui beaucoup plus sensibles. Nous nous scandalisons aujourd’hui de modes de vie qui abîment la nature, la planète, quand nous vivons selon des lois qui ne respectent pas ce que permet la nature ou qui vont contre l’ordre naturel : ainsi en est-il des lois relatives à la filiation, des projets de Loi en gestation qui prévoient la possibilité de mettre un terme à la vie humaine, ainsi en va-t-il des réflexions liées à l’idéologie du genre, aux pressions du wakisme, qui contribuent à mettre la confusion dans les repères et les mentalités. Ce soir nous accueillons cette Bonne Nouvelle venant de Dieu : la lumière vient nous rejoindre dans nos ténèbres ; et c’est là qu’elle vient naître.
Comme l’évoque le cycle naturel qui va suivre la fête de Noël, la lumière va désormais grandir. S’ouvre alors un chemin que nous sommes invités à suivre. Ce chemin est un chemin d’humilité et de foi.
C’est un chemin d’humilité tout d’abord pour Dieu qui, de l’éternité où Il est, décide d’entrer et de se soumettre au temps. C’est un chemin d’humilité pour Dieu qui, de parfait et de tout-puissant qu’il est, accepte de s’incarner dans la nature humaine qui est limitée et pas toute puissante. C’est un chemin d’humilité pour Dieu parce qu’Il s’abaisse dans un nouveau-né, se rendant le plus dépendant, le plus fragile et vulnérable possible. Dieu a pris le chemin de l’humilité pour nous rejoindre et Il nous invite nous-aussi à emprunter le même chemin.
Mais avec Noël, Jésus commence lui aussi un autre chemin d’humilité qui Le conduira jusqu’à la Passion. Jésus né dans un contexte où Il n’est pas accueilli ; Il mourra dans un contexte où Il est rejeté. Jésus nous entraîne dans ce chemin, où l’on peut se laisser toucher par le regard de ce nouveau-né qui Le conduira jusqu’à sa Pâques pour que l’homme puisse accomplir sa propre Pâque. À Bethléem ou sur le Golgotha c’est un même, unique et éternel amour qui s’incarne et s’exprime.
La fête de Noël nous met devant un choix : accueillir Dieu ou ne pas L’accueillir. Que Dieu décide de nous rejoindre en devenant fils d’homme ne dépend pas de nous ; par contre, il dépend de nous de l’accueillir ou non. L’Évangile nous redonne à entendre deux noms importants qui seront donnés à l’Enfant : Jésus et Emmanuel. Les prénoms disent l’identité et la mission du Fils de Dieu. « Jésus », c’est-à-dire le Seigneur sauve. « Emmanuel » Dieu avec nous. Jésus ne nous sauve pas du péché et de la mort en étant extérieur à nous, mais en se faisant l’un de nous et en étant avec nous. Accueillir simplement la présence de Dieu qui veut être en l’homme et vivre en l’homme est déjà accepter le salut qu’Il nous offre. Ce soir, en se faisant humble pour naître sous les traits d’un enfant, Dieu nous invite à l’humilité pour L’accueillir en nous et Il nous invite à suivre le chemin de Lumière qui nous conduira jusqu’à la victoire de Dieu sur le mal et sur la mort. Ce soir, tout peut être nouveau dans notre vie ; le cœur de l’homme peut être renouvelé par l’Amour de Dieu. Accueillons Jésus et choisissons de Lui rester fidèle. Joyeux et Saint Noël à vous, Amen !
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