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Messe des morts
« Ne me retiens pas, car je ne suis pas monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père. » Jn 20, 17
Chers Frères et sœurs qui avez perdu un être cher au cours de l’année écoulée,
Et vous, Frères et sœurs paroissiens,
J’ai choisi pour cette messe des morts des textes qui nous font méditer sur le mystère de la Résurrection. Nous venons d’entendre la première apparition de Jésus Ressuscité à Marie-Madeleine, apparition qui va complètement transformer le deuil de Marie-Madeleine. Marie-Madeleine avait de l’affection pour Jésus ; en Le perdant, elle perd Celui qui l’a guérie, qui l’a sauvée, qui l’a remise sur pied, qui a redonné sens à sa vie. Et elle s’enferme dans son chagrin. Voyez-vous, nous partageons avec Marie-Madeleine un élément important qui certainement a marqué notre deuil : c’est l’amour que nous avons pour ceux que nous avons perdus. Cette puissance d’amour, nous l’avons tous en nous et c’est elle à la fois qui nous fait souffrir et c’est elle à la fois qui est une force naturelle qui nous pousse à chercher ceux que nous avons aimés.
Comme Marie-Madeleine, nous-aussi, à un moment dans notre deuil, nous avons croisé la Résurrection de Jésus : cela peut être à travers les personnes qui nous ont accueillis pour préparer la célébration d’inhumation, à travers les paroles que nous avons pu entendre au cours de la célébration d’obsèques, qu’elles soient celles du ministre qui célébrait, de l’équipe funérailles qui conduisait la prière, à travers les textes bibliques entendus au cours de la célébration, ou bien à travers cette toute petite lumière que nous avons rallumée autour du corps de notre défunt. Mais à un moment donné, nous avons, comme Marie-Madeleine, croisé la Résurrection de Jésus dans notre deuil.
La Résurrection de Jésus n’est pas un évènement extérieur à nous, un article de foi que nous professons le dimanche ou que l’on nous a appris au catéchisme. C’est un évènement, un fait qui a un lien avec nous aujourd’hui et dans notre vie. La Résurrection de Jésus est la manifestation de la toute-puissance de l’amour de Dieu qui triomphe du mal et de la mort. Dit autrement : l’amour de Dieu est tellement fort et puissant qu’il a dépassé la mort pour ré-ouvrir au cœur même de celle-ci un chemin de Vie. Or, ce qui s’est passé pour Jésus il y a presque 2000 ans, nous rejoint nous aujourd’hui à travers le sacrement du baptême qui nous transmet la Vie du Ressuscité. Et quand bien même nous ne serions pas baptisés, l’amour, qui est une participation à l’être de Dieu, l’amour que nous avons pour nos défunts, nous pousse déjà à goûter quelque chose de la Résurrection et de la vie éternelle.
La Bonne Nouvelle de la Résurrection de Jésus nous éclaire sur le devenir de nos défunts. Nous croyons, qu’au moment où l’âme quitte le corps, l’âme de notre défunt monte vers Dieu. La magnifique première lecture que nous avons entendue nous redit que le principe de Vie est l’Esprit de Dieu. C’est l’Esprit du Seigneur qui, à travers notre âme, anime notre corps ; c’est l’Esprit du Seigneur qui redonnera vie à nos corps desséchés. Mais déjà, à travers cette prophétie d’Ézéckiel, se trouvait annoncée la Résurrection.
La Résurrection nous marque également d’une autre manière : comme pour Marie-Madeleine elle nous permet de vivre la mort de manière vivante. Jésus a rallumé dans le cœur de Marie-Madeleine la foi qui va l’ouvrir à une relation nouvelle avec Jésus. Marie-Madeleine, enfermée dans son chagrin, cherchait une prolongation de la relation qu’elle avait avec Jésus en n’acceptant pas sa mort. Jésus va l’aider à s’ouvrir à une nouvelle relation avec Lui, mais à la condition qu’elle accepte sa mort : « Ne me retiens pas » lui dit-il. Nous aussi, nous pouvons entrer dans une relation nouvelle avec nos défunts, une relation vraie, consistante, aimante, spirituelle et non plus humaine, une relation vivante, à la condition d’accepter la mort, et de reconstruire dans la foi la relation avec eux. Cette relation est spirituelle : elle se construit dans la prière et grâce aux sacrements. Nous devons prier pour nos défunts, les confier à Dieu. Auprès de Dieu eux-aussi pourront prier pour nous. Cette relation se construit également par les sacrements et notamment le sacrement de la communion. En recevant le Corps du Christ, nous recevons tous ceux qui sont en communion avec Dieu. Le contact le plus profond et le plus intime avec nos défunts réside dans la Communion eucharistique où, par la médiation du Christ, la relation entre eux et nous redevient réelle et consistante.
Seule la puissance de la Résurrection de Jésus peut transformer nos deuils en en faisant des lieux de vie, qui ne nient pas la mort, mais la dépassent. Alors, vécue chrétiennement, la mort peut devenir féconde et source de vie. Puisse la méditation de cette rencontre entre Jésus et Marie-Madeleine éclairer nos deuils et nous permettre de les vivre dans l’espérance chrétienne, ouverts à la Vie. Amen !
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