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Messe des défunts
Mardi 2 Novembre 2021
Chers frères et sœurs,
Au lendemain de la fête de Tous les Saints, où l’Eglise nous redit quelle est notre vocation (à savoir d’être heureux et de vivre dans l’intimité de Dieu), l’Eglise prie pour tous ceux qui nous ont quittés. Nous prions pour tous nos défunts afin qu’eux aussi avancent vers la pleine lumière divine pour vivre dans la paix en attendant la Résurrection définitive de nos corps à la fin des temps.
Il y a différentes manières de vivre la mort. Bien sûr chacun d’entre nous la vit d’une manière qui lui est propre ; mais dans toutes nos manières de vivre la mort, il y a une conversion à vivre à la lumière de la foi de l’Eglise qui vient progressivement éclairer nos ténèbres, tout comme nous rallumons toujours autour du corps du défunt baptisé la lumière de la Résurrection prise au cierge pascal. Chez certains d’entre nous, il y a des sentiments de chagrin, de perte du goût de la vie, parfois de révolte ou d’injustice. Tous ces sentiments sont normaux, et il faut les accepter et les laisser s’exprimer au risque d’entraver le travail de deuil. Comme nous le rappelle l’Ecriture, Dieu connaît le fond des cœurs. Mais, quels que soient ces divers sentiments, il y a une manière chrétienne de vivre la mort. C’est de la vivre dans la foi en la Résurrection de Jésus et c’est sur ce point que je souhaiterais méditer avec vous ce soir à la lumière de l’Évangile des pèlerins d’Emmaüs.
Alors la foi en la Résurrection de Jésus ne dissipera pas immédiatement tous les sentiments de tristesse, de chagrin ; mais elle les convertira progressivement, un peu comme les disciples d’Emmaüs qui au début sont tristes, défaits, quasi dépressifs, et qui, se laissant travailler par Jésus Ressuscité, vont s’ouvrir peu à peu à la Vie.
Chers frères et sœurs qui êtes habités par le deuil, n’oubliez pas que la vie n’est pas réductible seulement à la vie humaine. C’est un des grands torts d’aujourd’hui : pour beaucoup la vie n’est que la vie humaine. Mais, non. La vie humaine n’est qu’une partie de la Vie, et la plus petite…face à l’éternité. Comme je l’évoquais hier lors de la Messe de la Toussaint, la lutte ces derniers mois contre la pandémie du COVID a concentré tous nos efforts sur la lutte contre la mort, ce qui est bien et important. Mais au risque, tout du moins dans l’action pastorale de l’Église et dans ses messages, de nous faire oublier que l’homme est mortel, que nous avons à préparer cette rencontre décisive que nous vivrons tous au terme de notre vie…
Alors, regardons comment Jésus Ressuscité vient habiter et convertir le deuil de ses disciples. Tout d’abord, Il se rend présent à eux sans qu’ils le reconnaissent. C’est-à-dire que Jésus Ressuscité se rend aussi présent chez tous ceux qui vivent le deuil. Vous ne le sentez peut-être pas ? Vous ne l’entendez peut-être pas ? Vous ne le reconnaissez peut-être pas ? C’est normal ! Les disciples d’Emmaüs non plus. Progressivement en marchant avec eux, Il va ouvrir leur cœur au désir de l’éternité qui dépasse la tristesse et le deuil. Transposons : au cours de votre vie, de vos journées, de vos rencontres, va surgir en vous un désir plus fort que la tristesse, que la mort, que le deuil…un désir d’une nouvelle relation qui cherche à exister. Ecoutez ce désir en vous ! Recherchez-le ! Ce désir de vie, qui est un désir d’amour, est enfoui au fond de chaque être humain ! Et puis Jésus Ressuscité, toujours pas reconnu comme tel par ses disciples, va, à partir du désir de ses disciples, de leur cœur qui commence à brûler, initier une relation nouvelle avec ses disciples. Il leur parle des Ecritures ; Il partage avec eux le Pain. Cette nouvelle relation que le Ressuscité vient inaugurer a besoin d’être nourrie, consolidée. Comment cela ? Par l’Ecriture, c’est-à-dire par la prière. Par le Pain partagé, c’est-à-dire par la messe. Remarquez bien que c’est Jésus lui-même qui vient inaugurer, initier cette nouvelle relation. Ce n’est pas nous. C’est Lui et par Lui, parce qu’Il est le Premier Ressuscité.
Alors chers amis qui vivez le deuil, si votre vie de foi n’est pas nourrie par la prière, par la nourriture des faibles qui est le Pain Sacré, c’est-à-dire par la messe, votre foi ne sera pas suffisamment nourrie, solide pour vivre cette conversion que Jésus vous offre. Cette nouvelle relation que Jésus vient inaugurer en nous au cœur même de la mort, cette relation de Communion, ne peut exister que si elle est nourrie. Sinon, vous ne pourrez pas entrer dedans. Chez ceux qui entrent dans cette nouvelle relation de Communion, la lumière de la foi vient réchauffer notre cœur et nous fait expérimenter, de manière encore imparfaite, parce que nous demeurons enfermés dans les limites de notre humanité, de notre coporéité, une nouvelle relation vivante avec nos défunts. Nous la vivons ; nous l’expérimentons ; nous en bénéficions. Nous savons qu’elle existe parce que nous la sentons par et grâce à la foi.
Demandons au Seigneur qu’Il vienne confirmer et affermir notre foi en sa Résurrection et en la Vie éternelle et qu’Il nous ouvre ainsi à une relation de vie avec nos défunts. Amen.
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